Situé à l’ouest du village de La Biolle, au pied de la colline du même nom, le château de Longefan par son implantation contrôle le chemin qui permet de se rendre d’Antoger (Aix-les-Bains) à Saint-Germain la Chambotte via la Chautagne. Tout comme Montfalcon, Longefan a eu une réelle importance pour la surveillance des voies de circulation dans cette partie de l’Albanais.
Le fief et le château (1) appartenaient, à l’origine, à Montfalcon, puis tout comme lui, à différentes familles nobles de la région, telles les La Balme, les Oddinet, les Seyssel…
Jean de La Balme, fils de Jacques, de 1478 à 1485, puis Aubert, fils de Jean de 1499 à 1509 en furent les occupants. En 1524, la femme d’Aubert et ses enfants vendent la moitié des terres de Longefan et le Colombier à Jean Oddinet. La première moitié était déjà parvenue à Oddinet par acceptation de la dot de la fille d’Aubert de la Balme et de Marie du Colombier, Jeanne, qui avait épousé Jean Oddinet. En 1554, leur descendant Gaspard Oddinet, écuyer et seigneur de Longefan, est syndic de Chambéry.
Aux Oddinet succèdent les Mouxy. Georges de Mouxy, seigneur de Saint Paul, comte de Montréal qui hérite en 1575 de son oncle Louis Oddinet, baron de Montfort, président du Sénat de Savoie, trouve dans l’héritage Montfalcon et Longefan. À sa mort en 1595, Georges de Mouxy ne laisse qu’une fille, Jullienne Gasparde, qui apportera le fief en dot en 1607 à son mari Louis de Seyssel, marquis d’Aix.
Après la famille de Seyssel, Longefan parvint aux Allinges, marquis de Coudrée qui en sont seigneur en 1700.
À la Révolution Française, le mobilier du château est vendu aux enchères à La Biolle le 22 Avril 1793. Les familles Canet et Rosset achètent une grande partie de ce mobilier. Le château est acquis par les familles Sostegno et Alfieri ; leurs héritiers le vendent entre 1850 et 1860 à Monsieur Girod, marchand de domaine, qui vendit le tout au détail aux paysans des des alentours en réalisant au passage un bénéfice de 80 000F. Le château fut acquis par Monsieur Rosset qui le démolit en partie pour en vendre les pierres.
L’enceinte générale, haute de plusieurs mètres, est visible sur tout le pourtour. Par son aspect global, la forme du château fait penser à l’avant d’un navire. Le portail, datant du XVIIIème siècle, situé dans la partie Ouest permet l’accès à l’intérieur du château. Au Nord-Nord-Est, le mur qui domine le nant des Plagnes ou nant de Savigny est marqué par une avancée demi-ronde dont l’utilité n’est pas véritablement connue mais ne gâchant en rien la beauté de cette partie du rempart.
À l’Est, le mur en forme de proue de navire domine le vallon et le hameau de Lapérière.
Au Sud, le mur est percé d’une porte et de fenêtres donnant accès dans ce que l’on peut appeler une salle basse et dont le plafond voûté attire l’œil du visiteur qui pénètre à l’intérieur.
La partie habitable a subi beaucoup de travaux aux XVIIème et XVIIIème siècles, à la suite notamment de l’incendie du 4 octobre 1649 qui détruisit les toitures, mais aussi pour l’amélioration du bâtiment, travaux entrepris par Louis de Seyssel et sa femme Adriane de Grammont entre 1622 et 1644.
Malgré ses vicissitudes et ses transformations successives, le château de Longefan garde sa place dans le patrimoine de l’Albanais et de la commune de La Biolle.
Eric Gaudiez
1) L’origine étymologique de Longefan peut recevoir deux hypothèses :
– LONGA FAMES qui signifie grande renommée ;
– LONGUE FAIM car il aurait été construit en période de famine par des ouvriers mal nourris.