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Après l’évocation de la mobilisation générale, le 2 août 2014, une équipe de Kronos, animée par Raymond Georges et Marie-Thérèse Michaud, a préparé une exposition consacrée à la population du canton d’Albens dans la Grande Guerre.
Son vernissage a eu lieu le samedi 18 octobre à 18h au centre administratif d’Albens, et s’est terminée le 15 novembre.
Dans l’entrée du centre administratif d’Albens, vous découvrirez, à travers une série de grands panneaux et d’affiches, le déroulement du Premier conflit mondial.
À l’étage, dans la salle Baladda, ce sont les objets prêtés par les familles qui vous seront présentés. Ici, quelques grandes figures d’hommes et de femmes du canton seront mises en valeur : membres du personnel médical en service de 1914 à 1918 (médecin militaire, infirmière d’Albens décorée pour son dévouement), poilus, évoqués à travers portraits, objets du quotidien, décorations, citations, lettres…
Clôturant l’exposition, une belle sculpture de Jean-Louis Berthod consacrée à la figure du Grand Meaulnes vous guidera vers une sélection d’ouvrages présentée par la bibliothèque d’Albens.
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Vous pourrez y voir, entre autres :
Ce dernier document d’assez grande dimension connut une étonnante histoire.
À la fin de sa vie, l’ancien caporal Joseph Picon, agriculteur à Collonges a caché ce document qui rendait hommage à son courage durant les combats de la Grande Guerre.
Roulé, bien enveloppé dans du papier et du plastique il l’a glissé dans un interstice d’un mur du grenier de la maison familiale. Comme une « bouteille à la mer » il a flotté au fil des mois et des années jusqu’au jour où son arrière petit-fils, entreprenant des travaux sur ce mur le découvrit.
Magnifique document, il nous parle d’un de ces « paysans » de l’Albanais qui à l’image de tant d’hommes de la terre de France fit son devoir puis s’en retournât chez lui sans autre forme de procès.
Galerie photo de l’exposition
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L’affiche de l’exposition
Par ici la visite !
Les poilus créent de véritables ateliers dans lesquels ils transforment obus, balles ou grenades en objets du quotidien. Ici, des obus gravés, martelés deviennent des vases qui devraient recevoir les fleurs de la paix.
Le casque du poilu, modèle Adrian, est adopté par l’armée française en 1915. Ici, deux exemplaires fournis par les familles permettent de voir toutes les particularités de ce casque. Celui du haut a conservé sa garniture en cuir.
Remarquez la belle canne sculptée. Voyez aussi les motifs floraux ou végétaux réalisés par les artistes des tranchées. Quant au nom CHAMPAGNE , il évoque non l’actuelle boisson festive mais une terrible zone de combat.
Caporal Peugeot, premier tué de la guerre
Fin août 1914. On dénombre les premiers tués du Canton. Ils concernent la Biolle, Épersy, Cessens, Albens… C’est le temps de grandes offensives meurtrières.
Affiche de mobilisation générale
Le décret de mobilisation générale signé par le président de la république, Raymond Poincaré est transmis à toutes les mairies de France en cours d’après-midi du samedi 1er août. Cette grande affiche de 90 x 70 cm est placardée devant les mairies puis le tocsin sonne. Les hommes avertis ne commenceront à rejoindre leurs régiments qu’à partir du dimanche 2 août. Le canton d’Albens se vide, 700 hommes des classes 1898 à 1910 partent dans la semaine.
Journal du Commerce
L’Allemagne a attaqué la France
Le journal de Rumilly (aujourd’hui l’Hebdo des Savoie) est un hebdomadaire qui paraît chaque samedi à Rumilly et le dimanche ailleurs.
L’annonce de la déclaration de guerre de l’Allemagne le mardi 3 août 1914 ne peut être publiée dans le journal qu’en fin de semaine, c’est-à-dire le dimanche 9 août 1914.
La guerre européenne se mondialise
Par le jeu des alliances, la guerre qui éclate en août 1914 est d’abord un conflit entre puissances européennes.
La domination coloniale (voyez le vocabulaire employé : « principales races ») et les relations économiques la mondialisent ensuite.
Les Chefs de Guerre
En 1914, Joffre reste célèbre pour la bataille de la Marne ainsi que Gallieni (commandant le camp retranché de Paris). En 1916, Pétain, qui a remplacé Castelnau, reste maître de la place de Verdun. Il faut citer, en 1917, le général Nivelle, pour l’échec de l’offensive lancée en Artois et Champagne. En 1918, Foch devient général en chef des armées alliées.
Une guerre de mouvement
Durant l’été et l’automne 1914, sur le front occidental, les armées allemandes, belges, françaises et britanniques se livrent des batailles sanglantes (plus de 300 000 tués en cinq mois côté français). Après la bataille de la Marne (début septembre) les armées allemandes reculent avant que le front ne se fixe sur plus de 600 km, des Vosges à la mer du Nord. Les hommes s’enterrent, une guerre de tranchées débute, elle va durer plus de trois ans.
Carte du front et principales batailles
De la mer du Nord à la frontière suisse, les armées vont mener une longue guerre de position marquée par des tentatives de percée du front : Champagne (1915) Verdun, La Somme (1916), Artois, Chemin des Dames (1917)…
Les tranchées
Première guerre moderne, la Grande Guerre est une guerre mécanique et industrielle. La puissance de feu qui la caractérise (artillerie lourde, mitrailleuses) contraint le soldat à se transformer. Pour se protéger, il creuse des tranchées hérissées de barbelés, il porte un casque d’acier (casque Adrian pour les Français). Pour être moins visible, il adopte une tenue moins voyante : tenue bleu horizon pour le Français, vert foncé pour les Allemands, kaki pour les Britanniques.
Des Dardanelles à Salonique 1915-116
La bataille des Dardanelles fut un affrontement qui opposa l’Empire Ottoman (Turquie) aux troupes françaises et britanniques pour le contrôle des détroits reliant la mer Noire à la mer Égée, ce fut un échec, les troupes furent ensuite redéployées sur le front de Salonique en Grèce pour soutenir la Serbie et la Roumanie nos alliées.
La douleur des familles 1915-1917
Le Journal du Commerce (Hebdo des Savoie) publie à partir de 1915 des photographies des soldats savoyards morts au champ d’honneur.
Ces informations fournies par les familles expriment la douleur de ces dernières.
Le type de poilu
Cette affiche donne à voir la tenue du poilu. Elle évolue à partir de 1915 pour s’adapter aux conditions de combat des tranchées. Le poilu transporte désormais une partie de son « barda » dans des musettes. Il se protège comme il peut de l’humidité, du froid et de parasites (chaussettes en laine, passe—montagne, peigne à poux) et attend le réconfort de « la pipe, le pinard, les permissions » et surtout des lettres de sa famille.
Hector Lachenal
Tué sur le front de la Somme, à la Maisonnette, le 29 octobre 1916, à l’âge de 23 ans.
Il est le fils d’une institutrice et d’un instituteur en poste à Albens avant la Grande Guerre.
Brillant étudiant, il est remarqué par le célèbre géographe Raoul Blanchard auprès duquel il entreprendra des études universitaires à Grenoble. (Ils auront dû présenter le concours de l’agrégation et écrire une thèse sur les Bauges),
Le voici dans sa tenue de sous-lieutenant du 97e Régiment d’lnfanterie dans lequel il a été incorporé dès le 6 août 1914. Passé caporal en janvier 1915, sergent en mai puis adjudant en octobre, il s’est battu principalement en Artois avant d’être nommé sous-lieutenant en 1916 sur le front de la Somme.
Chevalier de la légion d’honneur à titre posthume, croix de guerre (trois citations).
Les Conscrits d’Albens en 1917
Cette photographie retrouvée au cours d’une brocante présente les 20 Conscrits d’Albens, classe 1917. Ces hommes viennent de passer devant le conseil de révision qui s’est tenu en mairie d’Albens le 9 juin 1915.
L’armée française a besoin d‘hommes, elle avance de deux ans la date de recrutement pour ces hommes qui n’ont à peine que 18 ans. Sont convoqués le même jour les ajournés des classes 1913-1914 ainsi que les réformés de 1914.
Verser son or – la mobilisation économique
Toute l’épargne est drainée par la guerre qui engloutit des sommes énormes. Pour faire face les gouvernements augmentent les impôts et la masse de billets en circulation : ils lancent de grands emprunts auxquels la population répond généreusement en échangeant ses pièces d’or contre des bons de la Défense Nationale.
Plus de cors
Cette affiche publicitaire vante les mérites d‘un produit pharmaceutique pour soigner cors, durillons, œils de perdrix, verrues, …
« Ils n’ont pas le Spécifique Victorieux » est un bel exemple de propagande antiallemande que nous pouvons regarder aujourd’hui d’un œil surpris et amusé. Mais n’oublions pas qu’à l’époque, les pieds du fantassin doivent « être l’objet de soins attentifs. »
Clémence Brunet
Elle va s’illustrer durant la Grande Guerre comme infirmière de l’Union des Femmes de France (Croix Rouge). Elle a 29 ans en 1914 quand elle soigne les blessés sur le front occidental. En 1917 on la retrouve comme infirmière major sur le front roumain, à Jassy.
Là elle soigne avec courage les soldats de l’armée française d’Orient atteints de typhus. Deux fois décorée de la médaille des épidémies, elle reste une des rares figures féminines de la première guerre mondiale à l’échelon local.
Il a fallu retrouver cet article du Journal du Commerce pour que Clémence Brunet sorte de l’oubli et ne soit plus « une oubliée de la mémoire ». Les clichés photographiques proviennent d’archives familiales.
Le travail des femmes
On fait massivement appel aux femmes et aux jeunes. En France l’industrie d’armement emploie 1,7 millions de personnes en 1918 (contre 50 000 en 1914) : 1/4 de cet effectif est composé de femmes, un ouvrier sur 12 a moins de 18 ans.
En 1918, Mlle Pingon est obusière à l’usine d’Alby sur Chéran. Voyez sa fiche de paye datant de 1920 (archives familiales).
Arrivée des réfugiés du Nord à Albens
Par un article du Journal du Commerce daté du 7 juin 1918 on apprend l’arrivée de réfugiés de Lille et Tourcoing. Expulsés par les Allemands qui occupent le Nord depuis 1914, qualifiés par eux de « bouches inutiles », ces femmes et enfants sont arrivés par le train depuis l’Allemagne et la Suisse jusqu’à Évian (photographie) avant d‘être secourus par des familles de nos départements (lire l’article).
Le front en 1918
Les allemands (libérés sur le front Est depuis le retrait de la Russie) tentent de devancer l’arrivée des Américains (entrés à nos côtés en 1917). Ils reprennent avec succès l’offensive et marchent à nouveau sur Paris. Foch, Commandant en chef des forces alliées déclenche alors la deuxième bataille de la Marne (juillet). À partir d’août les Alliés l’emportent sur tous les fronts.
Avions – Joanny Ducroz, mécanicien sur Spad XIII
En 1914 Joanny DUCROZ est forgeron à Albens.
Mobilisé en 1917, il est incorporé au 84e Régiment d’Artillerie avant de devenir mécanicien sur Spad Xlll.
Il pose en 1918 (à droite sur la photographie) devant cet avion. (archives familiales).
Le Spad Xlll est un avion français, le plus rapide à la fin du conflit. Avec les chars, l’aviation concourt à la victoire alliée en 1918.
Comme pour la déclaration de guerre, l’armistice signée le 1 1 novembre 1918 n’est annoncée aux lecteurs du Journal du Commerce que le dimanche 17 novembre 1918.
On démobilise
Le dessin humoristique a été publié en avril 1919 par le Petit Savoyard. (Archives départementales de la Savoie — 96 PER 7).
Dans l’armée française, près de cinq millions de soldats vont être démobilisés en deux phases, l’une de novembre 1918 à avril 1919 et l’autre de juillet à septembre 1919.
En 1920 on recensait en France 600 000 veuves et 760 000 enfants de veuves.
Ce dessin résume en peu de mots cette immense tragédie.
Monument aux morts d’Albens (archives Kronos).
Il est inauguré le 1er novembre 1921 à la mémoire des 73 tués de la Commune.
Au sortir de la guerre, le canton déplore la perte de 239 jeunes hommes pour une population de 5 419 personnes recensées en 1921.
Vue de la salle Ballada qui reçoit l’exposition des objets.
Plus d’une centaine d’objets, documents et affiches évoquent la vie des soldats et des civils de l’Albanais.
De nombreuses affiches sont présentées dans la partie centrale de la salle.
Durant la Grande Guerre, de nombreux artistes mettent leur art au service de l’État. Ici pour l’un des nombreux emprunts de la Défense Nationale.
Des panneaux informatifs permettent d’approfondir certains sujets : les décorations, les troupes alpines…
Comme le conflit s’éternise, l’armée fait appel aux classes plus âgées qui sont versées dans la territoriale. Les Territoriaux rejoignent les différents secteurs du front, entre autres, les Vosges et sont plus particulièrement chargés des liaisons, du ravitaillement en munitions.
Diverses affiches
Les visites pouvaient être commentées par des membres de Kronos.
Les visites pouvaient être commentées par des membres de Kronos.
L’emprunt de la Paix (affiche). Après 1918, la France se retrouve très touchée par quatre ans de combats dont la plupart se sont déroulés sur son territoire. Les régions de l’Est et du Nord sont à reconstruire et l’on ne parle pas de la démographie du pays en perte de vitesse.
L’énorme effort de guerre passe par un rationnement de l’arrière. Il faut quotidiennement nourrir cinq millions d’hommes mobilisés sans parler des autres. L’hygiène de guerre invite les civils (femmes et enfants) à consommer de façon plus frugale.
Vue de l’ensemble des affiches.
Vue de l’ensemble des affiches.
La sculpture évoque Alain Fournier, dont le portrait en haut et à gauche surplombe les héros de son célèbre roman. Comme le caporal Peugeot, l’écrivain fait partie de ces jeunes hommes qui tombèrent dès le début de la guerre
Ce gros plan permet d’admirer la finesse du travail de Jean-Louis Berthod. En 2015, cette œuvre est exposée dans la salle de l’office du tourisme d’Albens.
Le docteur Félix Michaud, mobilisé dès le début du conflit, soignera les combattants tout au long de la guerre.
Le docteur Félix Michaud. L’intérieur de sa cagna a été reconstitué à partir d’une photographie fournie par la famille.
Vue d’ensemble de la cagna, c’est-à-dire d’un abri dans les tranchées.
Des maquettes permettent de se faire une idée d’un hôpital de campagne.
Dans la vitrine à gauche, l’arrivée des blessés dans une gare avant d’être transportés dans les hôpitaux.
Une infirmière de la Croix Rouge. De nombreuses femmes se sont dévouées pour porter secours et assistance aux innombrables blessés. C’est le cas de Clémence Brunet d’Albens, infirmière major qui traversa la Grande Guerre au service des malades et des blessés.
Vitrine consacrée au matériel chirurgical.
Les soins corporels sont évoqués à travers un « coupe choux », la bassine et le blaireau pour le rasage. Remarquez aussi les peignes fins, bien utiles pour se débarrasser des poux.
Des pansements, fioles, seringues, pinces chirurgicales mais aussi des documents comme « Conseils au Soldat pour sa santé ».
Au centre de la vitrine, une belle canne sculptée par un poilu de l’Albanais durant son séjour sur le front d’Orient.
Détail du décor sculpté. Vous trouverez une description détaillé dans le livre « Se souvenir ensemble ».
Lettres et cartes postales – plus de 4 millions de courriers transitaient quotidiennement sur le front français.
Objets et documents se rapportant à la cartographie, l’artillerie (maquette) ou encore la pratique religieuse.
En dessous de la maquette des plaques d’identité dont une possède encore sa chaîne. Chaque soldat pouvait ainsi être identifié grâce à une des plaques en sa possession.
Les petits objets numérotés 15 et 16 (médailles de la vierge, croix, sacré cœur) renseignent sur les croyances religieuses. Ces objets de protection étaient souvent expédiés aux poilus par leur famille.
Des médailles, carnets, épée.
De nombreuses médailles militaires – La croix de guerre sera la décoration la plus remise aux combattants de la Grande Guerre. L’État pouvait les distribuer généreusement, la croix de guerre n’étant associée à aucune pension.
Dans cette vitrine, du haut vers le bas.
– Photographie de Clémence Brunet, infirmière major
– Maquette : infirmière dans son poste de secours
– Le képi du médecin Félix Michaud
– Un certificat d’origine fourni par la famille Michaud
– Broc de métal émaillé, utilisé pour les soins aux blessés .
4ème Emprunt de la Défense Nationale. Durant la Première Guerre mondiale, l’épargne française est mise à contribution par le biais d’emprunts nationaux annuels (novembre 1915, octobre 1916, 1917 et 1918). Ces initiatives répondent à une double nécessité. Il s’agit d’abord de financer une guerre rendue particulièrement coûteuse par l’effet combiné de sa longueur, de l’ampleur des moyens nécessaires et de son caractère industriel. Mais un autre enjeu est aussi important : mobiliser la société dans son ensemble. Cette affiche de 1918 est aussi titrée : « L’Emprunt de la Libération ».
1er mars 1871, 1er mars 1918 : en Alsace libérée les petites filles, se restreignent de bon cœur pour hâter la délivrance de l’Alsace encore annexée. Faites comme elles !
Toutes les ressources graphiques sont employées par l’artiste (Béatrix Grognuz) pour mobiliser, montrant la tête d’une fille dans le costume alsacien avec un drapeau français drapé autour d’elle.
Médailler de Gabriel Ulpat prêté par la famille. Forme ovale, cadre en bois et bronze. En haut sa photographie entourée de six drapeaux tricolores. Les lauriers de la Victoire offrent un cadre aux cinq médailles (croix de guerre avec palme, médaille militaire…).
Vitrine consacrée à l’équipement du fantassin : bidon, quart pour boire le pinard ou le café.
Aux braves Territoriaux – ils sont en train de boire le jus.
Portrait de Francisque Bogey (tableau prêté par la famille).
À gauche, les citations à l’ordre de l’Armée du caporal Joseph Picon (archives familiales). Retrouvez dans « Se souvenir ensemble » les commentaires de ces documents.