Nous sommes tous des héritiers
Nous sommes tous des héritiers et parfois nous ne le savons pas ou nous le savons mal.
Notre héritage s’appelle paysages, résultat du travail séculaire des hommes, constructions (de la maison paysanne aux édifices historiques) ou encore coutumes et savoir-faire.
Si nous n’y prenons garde, ce patrimoine risque de disparaître sans que nous nous en rendions seulement compte.
Pour éviter l’amnésie, maladie mortelle des sociétés sans racines, il faut maintenir la mémoire vivante.
Cette mémoire, notre société Kronos s’est employée dans ses activités et publications antérieures à la cultiver.
C’est dans cette direction que nous souhaitons aller de plus en plus. À preuve le numéro de cette année 1989 qui fait la part belle aux témoignages des femmes durant La Grande Guerre, aux souvenirs laissés par les illustres touristes de La Chambotte avant 1914, à tout ce qui se disait dans les grands rassemblements auxquels donnaient lieu les sépultures d’antan.
Il nous faudra donc approfondir la recherche et la collecte des supports de la mémoire : photographies, témoignages oraux, récits… ; tant en raison de la fragilité de ce patrimoine que parce qu’il touche à une certaine conception de l’histoire.
En effet, le document oral apporte un témoignage fait d’humanité et de vécu qui ressort rarement des documents officiels, conservés dans les archives. Il est aussi, sur certains aspects de la vie des hommes, la seule source à même de nous fournir des informations. Collecter ces témoignages, les faire connaître autour de nous, c’est être les « acteurs » de notre histoire ; les thèmes de recherche ne manquent pas : émigration aux Amériques, la vigne et le vin autrefois…
De même, la photographie doit avoir une place importante dans notre conception de l’histoire.
Quelle famille ne possède pas une « boîte de photos » ou un album pour les plus organisés. Là, se trouve la mémoire de notre région ; sur ces petits rectangles en noir et blanc on retrouvera le souvenir de l’école autrefois, des gestes de l’artisan du bois, des pratiques des paysans d’avant-guerre, du village d’avant la modernisation.
Voilà des chantiers à ouvrir, des pistes à explorer, dans la ligne de la « nouvelle histoire » ; une histoire qui ne réside pas seulement dans les faits et actes des « grands hommes » mais plutôt une histoire collective sachant replacer dans le cadre général de l’histoire nationale les gens et les choses de l’histoire locale.
Jean Louis Hebrard