Jeudi 20 février 2025, dans la salle polyvalente d’Albens, à l’invitation de la caisse locale du Crédit agricole, les auteurs du livre sur les Rosières assuraient la clôture de son assemblée générale. Dans une salle plus que remplie, l’auditoire a suivi le power-point de présentation de ce dernier livre.
S’appuyant sur la série de diapositives, Jean-Louis Hébrard, Annie Mirabé et enfin Bernard Fleuret ont présenté quelques-unes des caractéristiques de l’ouvrage (nombreuses illustrations, portrait de toutes les Rosières depuis 1922) ainsi que certains de ses contenus : hommage au fondateur Benoît Perret, tour de France des Rosières, évolution de la condition féminine en relation avec les transformations du village).
Une belle intervention saluée par le public et une belle soirée qui s’est achevée autour d’un généreux buffet propice à de nombreux échanges.
Au début du siècle, l’auteur d’une histoire de Saint-Félix présentant les activités industrielles de sa commune signale l’importance que revêtent alors deux petites usines de taillanderie actionnées par l’eau de nant d’Orsan. Ces dernières existent toujours. Elles ont cessé de fonctionner depuis 1970 et constituent désormais une sorte de conservatoire des techniques et des activités liées au travail du métal et à la maîtrise de la force hydraulique.
En les découvrant à travers les magnifiques dessins de B. Auregan, nous allons remonter dans le temps, aux origines du martinet et de la taillanderie ; nous ferons également connaissance avec la famille Burdet dont un des ancêtres, Claude, monta la première « usine » vers 1840 au long du nant d’Orsan.
Des martinets à Saint-Félix dès le XVIIIe siècle
Le martinet est d’abord un lieu où l’on martèle le fer avec un énorme marteau mu par la force hydraulique.
L’hydrographie locale se prêtait remarquablement bien à l’installation de moulins. Outre la Deysse qui ne fait qu’effleurer Saint-Félix, la commune est arrosée par quatre ruisseaux : le nant d’Orsan, Le nant des Barbelands, le nant Bresset et le nant de la Grêle, qui tous descendent de la colline formée par les monts d’Héry et des Frasses.
Le nant d’Orsan qui prend sa source dans les hauteurs des Frasses, malgré son allure torrentueuse, offre alors l’avantage de rouler un volume assez considérable d’eau au moment de la saison des pluies et la fonte des neiges.
Les documents d’archive nous apportent la preuve que des martinets sont installés dès 1720 à Saint-Félix.
Un rapport adressé le 18 février 1757 par le secrétaire de la commune à l’intendant de l’époque mentionne l’existence de « trois moulins servant à moudre le blé ».
On sait qu’en 1840, Claude Burdet a monté sa première « usine » de taillanderie au bord du nant d’Orsan ; ses fils Burdet Guillaume et Burdet François lui succèdent comme taillandiers, c’est à dire comme artisans ouvriers spécialisés dans la fabrication, la vente des outils tranchants (faux, haches, serpes, bêches, couteaux…) employés par les charpentiers, les menuisiers, les charrons, les cultivateurs.
Pour forger le métal, le travailler, le façonner, il faut d’autres instruments que le marteau et l’enclume. La force hydraulique du nant va actionner un marteau mécanique, un martinet.
Le marteau mécanique : un outil dont l’origine remonte au Moyen Âge
Un peu de technique
Le martinet est un lourd marteau dont le manche pivote sur un axe d’oscillation ; la machine est mue, au moyen de cames, par un arbre qui fait tourner une roue de moulin.
Comment fonctionne un martinet Les amis des moulins savoyards n°4
Un martinet en action Archéologia n°123
Lorsque l’arbre tourne, une came pèse sur le talon du martinet (la culasse). Le martinet et le marteau s’élèvent jusqu’à ce que la came continuant sa rotation libère la culasse. Le marteau tombe, puis la came suivante le fait remonter… La cadence de frappe du marteau varie selon la dimension de la roue, l’écartement des cames, le débit de l’eau.
Les premiers moulins à fer semblent être contemporains du grand mouvement d’expansion du moulin à eau qui se situe au XIIe et XIIIe siècles. Les cisterciens, ordre de travail manuel, font alors une large place dans leurs monastères aux moulins à eau et aux forges. Ils jouent un rôle de diffusion de ces techniques nouvelles dans les campagnes.
Marteau mu hydrauliquement Agricola. De Re metallica 1556
Saint-Félix, premier martinet Dessin B. Auregan
La forge martinet, Burdet Saint-Félix Dessin B. Auregan
La première mention formelle d’un moulin à fer se trouve dans un acte de 1116 relatant la transformation d’un moulin à Issoudun dans l’Indre. La première image que nous ayons d’un martinet est un dessin de Léonard de Vinci provenant du Codex Atlanticus. C’est toutefois l’ouvrage d’Agricola, le célèbre « De re metallica » publié en 1556 qui nous fournit une vision précise de cette mécanique. Les martinets se multiplient en Savoie au cours des XVIIe siècle et XVIIIe siècles. On utilise alors au maximum la force hydraulique des rivières et des torrents pour travailler le fer que l’on extrait un peu partout dans les Alpes.
Industrie sidérurgique en Savoie in La Savoie dans la vie française de 1860 à 1875
À la veille de la Révolution Française, la Basse-Maurienne est le centre principal de la production de fer et de cuivre (Épierre, Randens, Argentine). Ce centre fournit de la fonte aux martinets et taillanderies des quatre complexes sidérurgiques de la Savoie qui sont la Haute-Maurienne (La Praz et Fourneaux), la Rochette, Arvillard et la Chartreuse de Saint-Hugon, les Bauges du Nord (Faverges, Tamié) et les Bourges du Sud (chartreuse d’Aillon et prieuré de Bellevaux). Toute une circulation de produits sidérurgiques de base irrigue le massif des Bauges et ses marges. Aussi, n’est-il pas étonnant de trouver, dès le début du XVIIIe siècle, desmartinets en action le long du nant d’Orsan à Saint-Félix.
La lente extinction des forges martinets
Forges martinets et taillanderies connaissent de sérieuses difficultés au moment du rattachement de 1860.
Ces entreprises souffrirent principalement du bas prix des fers qui, à la faveur des traités de commerce, étaient importés en grande quantité d’Angleterre et de Belgique (pays qui avaient réalisé leur révolution industrielle bien avant les autres) et prenaient la place, sur le marché, de leurs productions, certes meilleures au plan de la qualité, mais plus chères.
J. Lovie, dans son ouvrage « La Savoie dans la vie française de 1860 à 1875 » dresse le constat suivant : « Le département de la Savoie comptait encore, en 1873, 96 forges et martinets avec 114 marteaux. Elles travaillaient avec un seul homme, deux au plus, 83 tonnes de fer, soit la quantité microscopique de 5 à 6 kilos par jour, à raison de 150 jours par an. Comme ceux de la Haute-Savoie, au nombre de 59 à la même date, mais employant trois fois plus de matières premières, ils étaient condamnés à plus ou moins longue échéance ainsi que les taillanderies ».
Albens, rue centrale
Le maintien des forges martinets de Saint-Félix
Ces dernières ne vont pas échapper à long terme à la tendance générale, mais les maîtres de forges tels que les Burdet vont réussir à maintenir leurs activités durant une bonne partie du XXe siècle.
Elles vont bénéficier jusque dans les années cinquante de la demande soutenue du monde rural, des nombreux petits propriétaires de l’Albanais. Ces derniers font vivre tout un semis de petits ateliers telles les forges maréchales d’Albens et Saint-Girod, ayant chacune un foyer et un ouvrier, utilisant la première 10 quintaux de métal et 25 de combustible pour produire 8 quintaux et outils, la deuxième 20 quintaux de métal et 50 de combustible pour donner 16 quintaux d’outil.
Les Burdet à Saint-Félix se tournent vers de nouveaux centres d’approvisionnement en faisant venir des barres de fer des grands centres d’Allevard, de Saint-Chamont ou de Saint-Étienne. Les barres étaient livrées prêtes au travail, longues de 70×30 cm. Elles étaient pesées, divisées, coupées dans la masse pour donner naissance à toutes les productions de la taillanderie.
Saint-Étienne, aciéries et forges de la marine
L’apprentissage se faisait de père en fils. Le père Burdet et un oncle ont été compagnons à Lescheraines et Saint-Cassin, pour parfaire leur savoir. De leurs mains sortirent une multitude d’outils tranchants ; cognées, coins de bucheron, scies, haches, serpes et faux étaient vendues aux foires des environs : Aix, Cusy, La Biolle, Saint-Félix ou Rumilly.
À cette époque, les roues hydrauliques étaient refaites en moyenne à chaque génération. Il y en avait pas moins de trois :une pour actionner le soufflet de forge, une pour les meules etla troisième pour le marteau.
La taillanderie de Saint-Félix a cessé de fonctionner vers 1970
Depuis plusieurs années déjà, elle s’était spécialisée dans la réfection des outils abimées pour faire face à la réduction de la demande d’objets neufs sous l’effet de la modernisation des pratiques agricoles et de la mécanisation qui affecte l’agriculture dans les années soixante. Le nombre d’agriculteurs va alors diminuant au rythme de la progression du parc de tracteurs. Le vendeur-réparateur d’engins agricoles remplace inéxorablement le taillandier ou le maréchal-ferrant d’autrefois.
Au même moment, le réseau hydraulique local se modifie sous l’effet du captage des eaux et de l’arrivée de l’autoroute. Le débit des cours d’eau s’en ressent et baisse.
La mise en retraite des anciens et l’absence de relève donnent enfin un coup d’arrêt mortel à cette activité séculaire.
Les soufflets expirent une dernière fois, le marteau retombe et se tait. Une page de l’histoire agro-artisanale de l’Albanais vient d’être tournée.
Nous remercions particulièrement Monsieur A. Burdet pour toutes les informations qu’il nous a si gentiment données et les Amis des Moulins savoyards pour nous avoir autorisé à reproduire les très beaux dessins de B. Auregan.
Bibliographie
Les Amis des moulins Savoyards, n° 4
Archéologie n° 123 : encore en action un martinet de forge du XIVe siècle
M.J. Lamothe – A. Velter : le livre de l’outil
J. Lovie : la Savoie dans la vie française de 1860 à 1875
J. Reynaud : l’Albanais, étude économique R.G.A. 1944
Jean-Louis Hebrard
Article initialement paru dans Kronos N° 7, 1992
Le bureau de Kronos se réunira à l’Espace Patrimoine (177 rue du Mont-Blanc, Albens, 73410 Entrelacs) le 12 mai à 18h.
Si vous souhaitez en profiter pour venir nous voir, par curiosité ou pour discuter d’un sujet précis, vous êtes bienvenus ! N’hésitez pas à nous contacter.
Kronos vous convie à son Assemblée Générale qui se déroulera le vendredi 18 avril 2025 à 20h00, à la salle polyvalente Chantal Mauduit à Albens, et qui sera l’occasion de fêter le 40ème numéro de Kronos.
Cette Assemblée Générale sera suivie par une conférence animée par Jean-Louis Hébrard, sur le thème « Cartes postales et photographies pour documenter l’Albanais avant 1914 ».
Lorsqu’en septembre 1965, le ministère de l’Éducation nationale autorise formellement par une circulaire l’usage des crayons à bille, il fait sans le savoir le bonheur de tous ceux qui sont fâchés avec l’apprentissage de l’écriture à la plume et à l’encre. Le stylo à bille, lancé en 1952 par le baron Bich, ne semble pas pouvoir rivaliser avec le porte-plume et ses complices que sont l’encrier de porcelaine blanche et l’encre violette. Ces derniers évoquent trop l’école républicaine établie après 1870 par la IIIème république. Et pourtant, tout au long des années 50, si la plume résiste bien, la bille progresse plus sûrement encore.
Porte plumes et encre bleue (collection privée)
Toutefois, la plume métallique va conserver encore un peu de son prestige auprès des instituteurs du temps de René Coty. Ces derniers craignent que le stylo à bille ne donne une vilaine écriture aux élèves qui doivent, disent-ils, appuyer avec trop de force sur le papier. Et puis, pourquoi faire la dépense d’un nouveau stylo lorsque plumes et encre sont gratuitement distribuées ? Si les élèves sont attirés par cette nouveauté, elle n’a pas bonne presse sur les bancs de l’école où l’on doit toujours apprendre à faire pleins et déliés à l’aide de la célèbre Sergent Major. Son usage s’accompagne chaque matin d’un rituel bien rodé, celui du remplissage des encriers de porcelaine blanche insérés dans les pupitres, avec une encre bleue ou violette contenue dans une petite bouteille que le maître ou la maîtresse a confiée à un grand de la classe. Ces encriers font l’objet de toutes sortes de farces. Voici une des plus habituelles, rapportée par Bernard Demory dans La France d’avant la télé, un ouvrage de souvenirs sur les années 1944-1968. « Des petits malins », raconte-t-il, « trouvaient amusant de boucher les encriers avec du papier buvard qui se prenait dans les plumes Sergent Major des porte plumes. La maîtresse déchirait les pages couvertes de pâtés et infligeait une punition pour la plus grande joie des saboteurs d’encrier ».
Méthode d’écriture (collection privée)
Éviter la punition en cas de catastrophe demandait un peu de dextérité. C’est là que le buvard et la gomme entraient en action. Avec la pointe du buvard, on épongeait le trop plein d’encre, puis à l’aide du côté le plus dur de la gomme, on effaçait le plus doucement possible la tache. Il ne fallait pas trouer le papier mais aller jusqu’à la limite de sa résistance. Alors on le lissait avec l’ongle avant de reprendre son écriture, espérant avoir atténué les dégâts. Le pâté restait la hantise de tous les élèves soumis aux exigences de l’écriture droite, développées dans sept cahiers aux titres parlants : Cahier réglé à 4 millimètres pour faciliter les leçons collectives faites au tableau noir, suivis par les cahiers consacrés aux « Lettres majuscules », ou encore aux « Lettres minuscules bouclées ».
Cahier de géographie – 1958 (collection privée)
Quand la maîtrise était acquise, il était possible d’effectuer de nombreux exercices graphiques comme la réalisation d’une carte de géographie. Il fallait écrire le titre et les régions importantes en lettres majuscules, employer pour le reste les lettres minuscules bouclées ou pas. Le buvard était bien sûr un auxiliaire précieux pour sécher l’encre et pouvoir continuer son travail, mais aussi pour estomper son coloriage en faisant disparaître les traits de couleur trop appuyés. Les marques de l’époque avaient bien compris toute l’importance du buvard et l’utilisaient comme support publicitaire auprès des élèves. Avec un avion de chasse Fouga Magister en pleine ascension, le buvard des réglisses Zan séduisait en priorité les garçons tout comme celui des Petites voitures Norev. Les adeptes de la lecture appréciaient particulièrement les buvards des journaux Vaillant ou Spirou. Il y avait aussi les buvards offerts par les producteurs locaux comme ceux de la fromagerie Picon de Saint-Félix. Deux morceaux de fromage sont très fiers de leur progéniture, une belle boite de crème de gruyère. Le décor est coloré, sur fond de montagnes et de vertes prairies. Des buvards à conserver, comme le conseille la Manufacture de laines à tricoter d’Annecy connue pour sa marque Aux trois fées.
Buvard à conserver (Collection particulière)
Dès l’arrivée du stylo à bille, les buvards, gommes et autres encriers vont être envoyés rapidement aux oubliettes.
Buvard (collection particulière)
Avec lui, la France et le petit monde des écoles entrent sans le savoir dans l’ère du jetable. Au début des années 50, le stylo à bille a déjà un passé qui remonte à l’avant guerre. C’est un journaliste hongrois, José Ladislav Biro, qui en 1938 invente le stylo bille moderne en employant une encre à séchage rapide pour alimenter non une plume mais une bille. L’invention est brevetée en 1943 par Ladislav Biro qui cède son brevet au français Marcel Bich à la sortie de la guerre. Ce dernier va l’améliorer encore et en faire un objet extrêmement agréable, facilitant l’écriture que la plume rendait fastidieuse. Rien n’est négligé pour que le stylo à bille entre dans tous les foyers et dans tous les cartables. Le prix extrêmement bas de 50 centimes est rendu possible par une production en grandes séries. Le côté pratique dont le modèle Cristal, lancé en 1952, est la parfaite illustration avec son tube en plastique transparent qui permet de suivre le niveau d’encre. Innovation supplémentaire, la couleur du capuchon annonce celle de l’encre. Le marketing est enfin la dernière arme. Le stylo est nommé BIC en raccourcissant à trois lettres le nom de son « inventeur ». Une appellation facile à retenir pour « mieux pénétrer les esprits et le langage », lit-on dans Le stylo BIC : le succès d’une sacrée tête de bille. Une campagne publicitaire menée par l’affichiste Raymond Savignac achève de rendre le stylo sympathique avec la mise au point du célèbre slogan : « elle court elle court la pointe BIC ». Peu à peu, l’écriture à l’aide d’une plume va céder la place au stylo à bille. Désormais, même le beau stylo à plume Waterman ou Mont-blanc, que l’on offrait aux communiants perd de son prestige. Fini le gratte papier célèbre pour son application à former de belles lettres. On lui préfère la bille bien plus en phase avec l’accélération de la société.
Dans la grande geste de la reconstruction et modernisation de la France d’après 1945, la réalisation de grands ouvrages sur les fleuves et dans les montagnes tient une place importante. Comme aux USA ou en URSS, les puissances du moment, notre pays parvient pour la première fois à dompter le plus fougueux de nos fleuves, le Rhône. C’est en 1947, à Génissiat, que se concrétise cette performance. Bien d’autres réalisations suivront, effectuées sous la direction de la Compagnie Nationale du Rhône, la CNR. Plusieurs chantiers gigantesques sont entrepris ou achevés en altitude, principalement dans les Alpes où certains noms marqueront les mémoires, à l’exemple de Tignes dont le drame est relaté en mai 1952 par L’Agriculteur Savoyard dans un article intitulé Les dernières maisons de Tignes ont été dynamitées. En quelques lignes, le journal campe ainsi la tragédie qui depuis des années a passionné l’opinion : « Tignes n’est plus qu’un gigantesque amas de ruines fumantes, en partie recouverte par les eaux. Jusqu’au dernier moment M. l’abbé Pélissier avait conservé l’espoir que le clocher serait épargné et qu’il demeurerait au fond du lac, symbole de la cité disparue. Le recours en grâce a été rejeté. Tignes est morte et bien morte ». Cette « geste électrique », qui bouleverse et passionne le public, donne lieu à de nombreux reportages mais aussi à des films, tel en 1956 La meilleure part du réalisateur Yves Allégret avec Gérard Philipe en vedette.
Gérard Philipe à l’affiche (collection privée)
En 1955, le tournage de ce film dramatique franco-italien se déroule dans la région de Modane sur le site de la construction du barrage d’Aussois, plus précisément celui de Plan d’Amont. Entre 1952 et 1956, l’édification de ce barrage-poids de 47mètres de haut vient compléter la retenue du barrage de Plan d’Aval. Dans son ouvrage consacré aux Barrages de Savoie, publié dans la revue L’Histoire en Savoie, Maurice Messiez insiste sur leur intérêt stratégique consistant à fournir en énergie « la soufflerie d’Avrieux, récupérée comme dommage de guerre, montée par l’Office national de recherches aéronautiques, d’une puissance de 100 000 CV ».
Les barrages de Plan d’Amont et Plan d’Aval (collection privée)
Lorsque Plan d’Amont est achevé en 1956, l’ensemble des deux retenues fournit près de 300 millions de KW au total. Mais la construction des énormes piles en béton aura demandé des efforts à une importante main d’œuvre qui va lourdement être frappée par des accidents du travail souvent mortels. C’est dans un contexte semblable que s’inscrit l’intrigue du film d’Yves Allégret. Durant plus d’une heure, au cœur du chantier de construction, on suit la vie d’une équipe de travailleurs dirigée par un ingénieur joué par Gérard Philipe. À son arrivée, il est informé de la mort d’un ouvrier qui a chuté d’un pilier de 40 mètres de hauteur. L’ingénieur chef va alors tout faire pour qu’évoluent les conditions de travail de ses hommes. Le film tourné sur place vaut principalement pour son contenu documentaire plus que pour son intrigue bien faible aux yeux de la critique. Cette dernière ne peut qu’insister sur la tonalité humaniste pour sauver un film qui ne vaut que par la présence de sa seule grande vedette. Les spectateurs du Foyer Albanais ont dû quand même vibrer au cours de sa projection tout en découvrant les images d’un grand chantier savoyard proche.
Illustration dans un manuel du certificat d’études (collection privée)
Le barrage est aussi un acteur bien présent dans les manuels scolaires qui préparent au certificat d’études. Manuel de géographie pour les localiser, livre de sciences appliquées pour étudier la production du courant électrique, permettent aux enfants du baby boom de se préparer au monde des tourne-disques, robots ménagers, machines-outils qui s’installe peu à peu dans leur quotidien. Les leçons sont précises, fort documentées, se terminant toujours par un court résumé de ce type : « Le courant est produit dans une centrale par un alternateur entraîné par une turbine ; dans une centrale hydro-électrique, c’est l’eau d’une chute ou d’un barrage qui actionne la turbine ». Au fil des années, les cartes de géographie accompagnent l’extension des infrastructures comme pour celles réalisées sur le Rhône depuis le barrage « d’origine », celui de Génissiat. Car cet ouvrage inauguré après guerre est le résultat d’une véritable épopée commencée avant le second conflit mondial. L’ouvrage appelé le Niagara français est célébré par le gouvernement qui voit dans son achèvement « un signe indiscutable de la renaissance de la France », auquel participent les grandes entreprises françaises que sont Électricité de France, la toute jeune entreprise nationale créée par la nationalisation de 1946, et la Compagnie Nationale du Rhône. Dans une France où l’urgence est partout, il faut répondre à tous les besoins d’un pays où les coupures de courant vont rester fréquentes jusqu’en 1950.
Carte maximum présentant le barrage et le timbre associé (collection particulière)
Lorsqu’en janvier 1948 Robert Lacoste, Ministre de la production industrielle, vient inaugurer l’imposant ouvrage, il félicite les constructeurs puis célèbre le gigantisme de l’ouvrage, « le plus formidable barrage de l’Europe occidentale avec ses conduites forcées de la taille d’une maison, sa digue épaisse de cent mètres à la base » avant d’insister sur les capacités de production fournies par « cinq turbines, cinq alternateurs produisant 1 600 000 000 kilowatt heures soit plus du dixième de la production hydroélectrique française ». Avant de devenir un élément du patrimoine industriel français, Génissiat est immortalisé par d’innombrables reportages, films d’actualité, photographies et bien évidemment par un timbre. Ce dernier, de couleur rose carminé et d’une valeur de 12 francs, est l’œuvre du graveur et dessinateur Antonin Barlangue. Émis à deux millions d’exemplaires, il permet de se faire une bonne idée de l’importance de l’ouvrage que l’on découvre en vue plongeante de l’aval vers l’amont. Le lac de 23 kilomètres, les 140 mètres de hauteur de la digue, se dévoilent d’un seul coup d’œil. Lorsque le timbre est collé sur la face « image » d’une carte postale, constituant ainsi une carte maximum, l’effet est encore plus saisissant. Il fallait bien tout cela pour célébrer le retour du pays dans le concert des grandes nations industrielles et son entrée dans ce que l’on nommera plus tard les Trente glorieuses.
Lors de la semaine du sociétariat, la caisse locale du Crédit Agricole des Savoie d’Entrelacs, représentée par son président René Granger, a remis un chèque de 840€ à l’association Kronos pour la parution de son livre sur le couronnement de la Rosière, tradition chère aux habitants d’Entrelacs.
Rédigé par deux passionnés, Bernard Fleuret et Jean-Louis Hébrard, cet ouvrage retrace cent ans d’histoire sur l’évolution de la condition féminine, à travers l’élection d’une jeune fille méritante au titre de Rosière. On y découvre également une fête communale unique en Savoie, remarquable par sa durée, qui relève aujourd’hui du domaine patrimonial et culturel.
Engagé sur le terrain comme le sont également les associations, le Crédit Agricole des Savoie partage avec elles les mêmes valeurs mutualistes : proximité, responsabilité et solidarité. Il lui est donc évident de soutenir les projets des associations et de les accompagner au quotidien pour les aider à agir pour tous.
Le Crédit Agricole des Savoie pense qu’une grande banque doit être utile à l’économie réelle, à la formation, à la culture, au sport et à tout ce qui préoccupe les Savoyards, notamment dans le monde associatif. À travers ses caisses locales et ses sociétaires et en soutenant les initiatives locales, le Crédit Agricole des Savoie contribue ainsi au développement de son territoire.
Ce samedi 23 à 10h, à la mairie d’Albens, Kronos vous invite à une balade surprise dans le cadre du Téléthon. Une participation de 5€ vous sera demandée, reversée au Téléthon.
Vendredi 13 décembre 2024 à 20h, Kronos vous invite à une projection d’un film de Marius Bonhomme, intitulé : La Biolle, sa faune, sa flore et les marais protégés.
La projection gratuite aura lieu à l’Espace Patrimoine à Albens.
Le musée de Rumilly vous invite à une conférence de Jean-Louis Hébrard :
La carte postale pour documenter l’histoire locale de l’Albanais avant 1900
À travers une série de 60 cartes postales, la conférence permet de suivre les transformations que connaît alors la Savoie (agriculture, transports, tourisme…) pour terminer sur quelques vues des villes proches