Le samedi 20 mars 1909 peu après 11 heures le conseil de révision du canton se réunit à la mairie d’Albens. Les jeunes gens ayant atteint l’âge de 20ans dans l’année écoulée ont été recensés dès le mois de janvier dans leur commune puis ont reçu l’ordre de convocation expédié à chacun d’entre eux par la mairie de leur domicile. Tous doivent répondre à cette convocation et se présenter devant le conseil de révision ; ils y seront appelés dans l’ordre du numérotage du recensement cantonal. C’est la signification même de conscrit, mot venant du langage du droit et voulant dire « inscrit sur une liste », en terme militaire « enrôlé ».
Cette opération est l’acte fondateur de la classe.
Celle de 1908 pose devant le photographe : six sont assis au premier plans, les neuf autres sont debout derrière eux, donnant à l’ensemble cette impression de groupe. Ils sont unis par une solidarité nouvelle, celle de l’âge, qui supplante, le temps des obligations militaires, les orientations politiques, les appartenances sociales ou les croyances religieuses. L’épreuve commune qui les attend, celle du service militaire, va les souder.
Les instructions officielles enjoignent qu’ils devront se présenter « dans un état convenable de propreté » mais, comme on peut le constater, ces quinze jeunes hommes sont bien allés au-delà. Tous ont revêtu le costume des grands jours, beaucoup ont choisi une chemise blanche à col dur pour faire ressortir qui une cravate, qui une sorte de nœud papillon.
Par delà le siècle ils nous regardent et nous interrogent : qui étaient-ils ?
Albens : les conscrits de la classe 1908
photographie publiée dans « L’Albanais 1990 »
Kronos – La Biolle loisirs – B.Fleuret, 1991.
Les archives en ligne sont une aubaine pour tous ceux qui dans le canton travaillent déjà à la commémoration du centenaire de la Grande guerre en 2014. Elles nous permettent de connaître les noms de ces « classards » sans pouvoir pour autant les repérer sur ce cliché. L’association Kronos fait donc appel à tous ceux qui dans les familles pourraient identifier un de ses aïeux (arrière-grand-père, arrière-grand-oncle …). Ainsi pourrions-nous, avec votre aide, mettre des noms sur ces hommes jeunes et mieux connaître ceux qui ne savaient pas encore qu’ils allaient devenir les « poilus de 14 ».
Jean-Louis Hébrard
Article initialement paru dans l’Hebdo des Savoie
Suite à l’article, un retour a-t-il eu lieu concernant l’identité des jeunes sur cette photo?